Du latin « stannum » le métal est connu depuis
la haute Antiquité.
L’étain est certainement le premier métal
exploité par l’homme.
Situé à faible profondeur, l’extraction en
est aisée.
Un simple bon feu de bois, suffit pour le travailler.
Les Chaldéens, les Phéniciens, les Carthaginois
organisent ce riche commerce, allant jusqu’en Inde pour
le répandre dans toute l’Europe, l’approvisionnement
de l’étain étant nécessaire pour la
fabrication du bronze (cuivre et étain).
Veillant à leur monopole, ils gardaient le secret de leurs
routes maritimes, répandaient de faux récits de
voyage, et envoyaient par le fond les navires concurrents qu’ils
rencontraient, échouaient même leurs propres navires
lorsqu’ils étaient suivis.
Puis les Phocéens découvrirent les mines d’Espagne,
ensuite en Angleterre au large du comté de Cornouailles,
les îles Scilly rapidement célèbres, désignées
sous le terme grec , « îles Cassitérides ».
L’étain était alors conditionné en
petits lingots et grands lingots nommés
«Saumons»
L’histoire de l’étain est riche de créations
d’objets à usage courant.
Toutes les régions de France et tous les pays d’Europe
ont eu leurs modes et leurs particularités.
Commander ce sablier
De nombreux ouvrages font références en la matière
.
Exemples :
- « Les Etains » Des origines au début du XIXe
siècle de Philippe Boucaud
& Claude Frégnac
Office du Livre, Fribourg Suisse.
- « l’ABC du Collectionneur » Les Etains Librairie
du Ponchelle, 75006 Paris
-
« L'éclat de l'étain »
Catalogue de l'exposition - Le Louvre des Antiquaires
Le
Gobelet - La Timbale
L’étain était toujours utilisé
sous son aspect brillant :
Homère, nous décrit déjà dans L’Iliade
que « l’étain le plus pur» figurait sur
les boucliers, les casques, les jambières et les chars
des héros grecs, dans le but d’aveugler l’assaillant
par les reflets du soleil.
L’expédition de Jules César à travers
la Gaule favorisa la création d’ustensiles domestiques
« beaux comme l’argent » dans tout l’Empire
Romain.
Les belles Romaines pouvaient se contempler dans des miroirs en
étain poli.
Au Moyen Age, en lieu et place de la vaisselle de terre cuite
ou de bois, l’étain, imitant les formes de l’argenterie, était d’un usage courant sur la table des bourgeois.
C’est au XVIIe et XVIIIe siècles que l’étain
connaît son apogée.
Rappelons une petite anecdote :
Par ses guerres successives, Louis XIV, vida les caisses du
royaume. Il demande à tous ses sujets de faire fondre leur vaisselle
d’argent par les édits de 1689 et 1709. C’est
ainsi que l’orfèvrerie d’étain acquière
ses titres de noblesse et vient orner les vaisseliers et les tables
de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie française.
Au XIXe siècle l’étain a été
délaissé en faveur de la faïence et la porcelaine,
moins chères et plus faciles à la production.
Les travaux des anglais Henri et George Elkington rendus publics
en 1836 et perfectionnés en 1840 par un français,
le baron Henri de Ruolz-Montchal, permettent « l’argenture
» par galvanisation (procédé par dépôt
électrolytique) sur métaux moins noble. L’aspect
« argenterie » ainsi démocratisé supplante
l’étain.
Au début du XXe, le style Art Nouveau et Art Déco
utilisent encore l’étain pour la création d’objets
d’art de la table.
Dans la seconde partie du XXe siècle (1960-1970), l’étain
perd son usage utilitaire pour devenir principalement objet décoratif.
C’est alors qu’il subit de nombreux outrages.
La mode étant alors aux patines sombres et au goût
« chaumière rustique », l’étain
n’échappe pas à la règle et subit le
même sort. Lors de leur fabrication, les pièces sont
« vieillies » artificiellement par oxydation, voir
la rubrique Travail, ou pire encore, par l’apport de plomb,
matière nocive, dans l’alliage (d’où
la nécessité, à cette époque, d’une
réglementation) voir la rubrique Alliage.
Après le destin mouvementé de ce beau et noble métal
nous souhaiterions que le XXIe siècle soit le retour de
l'étain véritable :
Sensuel,
sophistiqué et lumineux.
Patricia Zirilli